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Victimes collatérales de la gentrification, les célèbres diners new-yorkais sont en train de disparaître

Victimes collatérales de la gentrification, les célèbres diners new-yorkais sont en train de disparaître

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Entre rénovation urbaine et explosion du prix des loyers, les diners new-yorkais s’effacent peu à peu de la Grosse Pomme, au grand dam de ses habitants, nostalgiques d’une époque et d’une ambiance, mais aussi de la fonction sociale de ces établissements qui réunissent toutes les classes sociales autour d’une même table. 

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Ancêtre du fast-food et sorte d’équivalent de notre PMU national, le diner new-yorlais est l’un des vestiges de la culture américaine des années 1950. Dans un décor désuet de meubles en inox et formica, banquettes en skaï rouge, carrelages en damier et éclairages en néons, toutes les classes sociales de la ville s’y retrouvaient pour avaler à toute heure du jour et de la nuit des classiques de la restauration rapide : pancakes et bacon, burgers, frites, milk-shakes et café filtre à volonté. Bref, le diner, c’est la culture new-yorkaise à son sommet : vintage, cheap et conviviale. Plus que des enseignes de restauration, ils apparaissent comme de véritables lieux de vie où les barrières culturelles et sociales s’abattent le temps d’un repas sur le pouce.

Symboles de la culture populaire, ils forment le décor de nombreuses scènes de films, de Grease à Drive, en passant par Pulp Fiction. Ils sont tellement ancrés dans la culture populaire, justement, que l’on peine à croire que la plupart de ces établissements mythiques que l’on comptait jadis par milliers ont aujourd’hui quasiment disparu, remplacés par des chaînes de fast-food. Dès lors, la ville s’alarme de voir s’éteindre à petits feux l’un des ses emblèmes dont seuls quelques adresses faisant figure de vestiges peinent à ne pas mettre la clef sous la porte.

On leur préfère les grandes chaînes

Dans un reportage du New York Times sur la disparition de la culture diner, rapporté par Libération, le journaliste analyse cette hécatombe à l’aune de la rénovation urbaine causant l’augmentation astronomique des loyers mais aussi le changement des habitudes alimentaires. Il déplore que les consommateurs leur préfèrent maintenant les grandes chaînes, lui pour qui le diner du coin fait figure de troisième maison après son foyer et son bureau. Un lieu de sociabilisation où l’on retrouve les mêmes habitués aux mêmes coutumes et où l’on converse sur un coin de bar en inox.

Il analyse la fonction sociologique des diners comme des sortes de clubs informels faisant office de remède contre la solitude, indissociable des grandes villes : “Dans cette ville anonyme, ces liens peuvent être salvateurs, en particulier pour les personnes âgées, les pauvres, les marginaux, mais aussi pour nous tous. Sans eux, la ville devient de plus en plus fragmentée”, avance-t-il plus loin. Plus qu’un simple endroit où aller boire son café, ces établissements sont garants de toute l’âme d’une ville et de son passé qui semblerait aujourd’hui s’effacer pour faire place à des établissements éphémères dans l’air du temps ou à de grandes franchises mondialisées. De quoi être franchement nostalgique de la culture des 50’s et de l’esprit bonne franquette, quand, à l’heure du tout à emporter, nos pauses déjeuner se réduisent comme peau de chagrin.

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