Comment une loi pré-prohibition a donné naissance au pire sandwich de l’histoire

Comment une loi pré-prohibition a donné naissance au pire sandwich de l’histoire

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© Gatsby le Magnifique (Bazmark Films)

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Par Claire Verriele

Publié le

Vraiment pas le genre qui fait du bien en lendemain de soirée.

Aux États-Unis, les mesures visant à restreindre la consommation d’alcool ont commencé bien avant la prohibition. Parmi elles, la loi Raines, mise en place par John W. Raines en 1896 pour tenter de réduire la consommation massive d’alcool, l’ivresse publique et les bars crasseux dans l’État de New York et qui eut pour conséquence la naissance des pires sandwiches jamais élaborés.

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La loi Raines

Cette loi, massivement soutenue par les religieux et les républicains, a mis en place des contraintes pour les bars et les saloons en leur interdisant notamment de vendre de l’alcool les dimanches. Puisque c’est le seul jour de repos et de divertissement pour les ouvriers, cette loi cause leur colère ainsi qu’un terrible manque à gagner pour les cafés.

Mais si on voulait quand même trouver de l’alcool en ville un dimanche, on pouvait se rendre dans un hôtel ou un restaurant. En effet, tant qu’il était accompagné d’un repas ou servi dans une chambre, l’alcool était toléré par la loi. Face à cela, de nombreux clubs privés ont ouvert en se présentant comme des hôtels, et l’alcool devint vite un luxe que seules les classes moyennes pouvaient se payer.

Pour pouvoir eux aussi vendre légalement autre chose que des softs, les bars se sont adaptés : ils ont placé des chambres dans leurs caves et ils ont servi des sandwiches – le repas le moins cher qu’ils pouvaient proposer –, surnommés les “Raines sandwiches”, avec tous les verres qu’ils servaient.

Un petit sandwich pour éponger ?

Comme l’explique Atlas Obscura, il était possible de commander de l’alcool à condition de payer plus cher sa boisson qui arrivait sur la table directement accompagnée d’un sandwich. Comme ce qui intéressait le client c’était sa boisson et non pas le contenu de son assiette, les sandwiches servis étaient miteux, réellement immangeables et pouvaient rester en circulation durant plusieurs semaines. Eugene O’Neill dans sa pièce The Iceman Cometh parle d’ailleurs de vieille ruine desséchée de pain chargé de poussière et de jambon momifié” pour décrire un “Raines sandwich”.

Tant que le sandwich était visible sur la table, les policiers ne disaient rien et comme les établissements possédaient des chambres, la prostitution profitait aussi grandement de ces nouvelles adaptations. Avec le renfort des lois de prohibition, les “Raines hotels” et les “Raines sandwiches” ne suffirent plus et l’alcool trouva finalement sa place dans les speakeasy clandestins à partir de 1919, mais le “Raines sandwich” reste dans les annales comme l’un des pires encas jamais servis dans un bar.